Ça y est bébé est là et votre allaitement a commencé. Cependant, les questions se bousculent dans votre tête : vous avez peur de faire téter bébé trop souvent, vous craignez qu’il ne rattrape pas assez vite le fameux “poids de naissance”, ou encore de manquer de lait. Il est tout à fait normal de s’interroger en début d’allaitement car il n’est pas facile de prendre ses marques. Rassurez-vous, au fil des semaines, vous gagnerez en assurance et la tétée sera de plus en plus sereine ! Découvrez dés maintenant les réponses à dix questions que ce sont déjà posées toutes les mamans allaitantes.

1- Combien de tétées par jour ?
Le lait maternel humain est, de par sa composition, très digeste pour les nourrissons. Il est ainsi rapidement assimilé. Ceci explique donc que bébé réclame fréquemment le sein, surtout les premiers jours. En effet, son estomac n’est alors pas plus gros qu’une noisette. Votre tout-petit est donc rapidement rassasié mais digère très vite votre lait et a – par conséquent – de nouveau faim.
Le rythme de tétées varie toutefois grandement d’un enfant à l’autre car cela dépend de plusieurs facteurs :
- La vitesse de fabrication du lait maternel
- La capacité de stockage dans les seins
- L’appétit de bébé
- La composition du lait (celle-ci change pour répondre aux besoins de l’enfant allaité)
En résumé, chaque allaitement est différent, d’où l’importance de ne pas comparer le nombre de tétées entre deux tous-petits.
En moyenne, lorsque l’allaitement se déroule sans embûche, un nouveau né tête 8 à 12 fois par 24 heures.
2- Allaitement à la demande : ça veut dire quoi ?
Allaiter à la demande c’est allaiter en prenant en compte les signes d’éveils. Cela permet en fait au nourrisson de réguler au mieux ses besoins nutritionnels. Voici alors quelques pistes pour repérer le “bon moment” pour proposer le sein.
- Bébé effectue des petits mouvements de succion au niveau de la bouche.
- Il a de légères mimiques sur le visage.
- Il commence à réaliser des mouvements de jambes et de bras.
Bébé est proche du réveil, il est en phase de sommeil léger. Si bébé réclame peu et a une prise de poids plutôt lente, il convient de proposer le sein dès ces premiers signes.
- Bébé a les yeux ouvert et est calme.
- Il est dans une phase d’observation du monde extérieur.
Bébé est en phase d’éveil calme. C’est le moment d’installer tranquillement bébé au sein.
- Bébé porte ses mains à sa bouche.
- Il tourne activement la tête à la recherche du sein.
Bébé est maintenant en phase d’éveil agité. Il a faim et il ne faut pas tarder à l’installer au sein au risque qu’il s’énerve rapidement.
- Bébé pleure de faim.
C’est le dernier signal de bébé pour témoigner sa faim. En général, d’autres signaux préalables ont été envoyé montrant la faim grandissante. Malheureusement, la mise au sein peut s’avérer beaucoup plus compliqué si bébé a “trop faim”. Il risque de s’agiter, de mal prendre le sein, de téter trop frénétiquement au départ, puis finalement s’endormir au sein d’épuisement sans avoir mangé suffisamment.
Pour les bébés de petits poids, qui dorment énormément et ont peu de forces, il convient autant que possible de pratiquer l’allaitement aux signes d’éveil dès la phase de sommeil léger.
Quels sont les avantages à allaiter à la demande ?
- Risque d’engorgement moins élevé
- Montée de lait plus rapide
- Lactation maintenue
- Réponse au besoin de succion de bébé
- Réduction du besoin en complément
- Réduction du besoin de sucette
- Stimulation des contractions utérines pour le retour à la normale de l’utérus

3- Est-ce que mon bébé boit suffisamment de lait ?
Pour savoir si bébé se nourrit suffisamment, on peut observer sa courbe de poids mais aussi…ses couches !
En effet, pendant les deux premiers jours qui suivent la naissance de bébé, celui-ci ne mouille qu’une ou deux couches/ jours.
A partir du 3e jour (une fois que la montée de lait est terminée), il mouille 5 à 6 couches jetables par jour (ou 6 à 8 couches lavables).
Si bébé boit correctement, il mouille ses couches abondamment. Grâce au colostrum (premier lait jaunâtre qui s’écoule du sein de la maman durant les 2/3 premiers jours suivant la naissance), bébé élimine le colostrum (premières selles vertes foncées ou noires) pendant les 2/3 premiers jours de vie également.
A partir du 3/4e jour de vie, les selles changent de couleur. Elles deviennent liquides ou molles et jaunâtre. Elles sont au nombre de 2/3 par 24 heures. Par la suite (vers 6/8 semaines) les selles peuvent s’espacer et passer de 1 / 24 heures, voire moins encore. La consistance et l’aspect reste cependant le même. En revanche, le nombre de couches mouillées (pipi uniquement) reste sensiblement le même.
Une fois la montée de lait établie, toutes les 2/3 succions, bébé déglutit. En moyenne, la perte de poids post-accouchement du bébé ne doit pas excéder 7% du poids de départ lorsque l’allaitement se déroule normalement.
4- Quelle doit être la prise de poids de mon bébé ?
A partir de la montée de lait (3/4 jours en moyenne après la naissance) et pendant les 2 premiers mois, un petite fille prend 190 g/semaine en moyenne et un garçon 230 g/semaine. Par la suite, pendant les deux mois suivant, une petite fille prend en moyenne 140 g /semaine et 150g/semaine pour un petit garçon en moyenne.
Ces chiffres sont des moyennes. Il ne faut donc pas vous inquiéter si votre bébé n’est pas dans la norme car la prise de poids peut s’opérer de manière non linéaire; c’est à dire qu’un bébé peut prendre plus de poids une semaine et moins de poids la semaine suivante. Pour suivre dans le détail la prise de poids de votre enfant, n’hésitez pas à consulter la courbe OMS de prise de poids du bébé allaité.
De manière générale, la bonne croissance d’un bébé est à considérer dans sa globalité : évolution de la taille, du poids et du périmètre crânien. La peau d’un bébé en bonne santé est douce, souple. Le nourrisson bien nourri a également un bon tonus musculaire et est attentif à son environnement.
5- Est-ce que bébé est bien positionné ?
Dans la position classique de la madone, il doit y avoir un alignement de l’oreille, l’épaule et la hanche de bébé. Bébé doit avoir le mamelon et une grande partie de l’aréole dans la bouche. Le menton et le nez touchent alors le sein. Les lèvres de bébé sont bien retroussées.
6- Comment augmenter ma lactation ?
Si vous craignez de ne pas avoir assez de lait, voici quelques astuces :
- Proposez les deux seins à chaque tétée.
- Pratiquez la super-alternance : Changez plusieurs fois de sein (lorsque bébé diminue le rythme) au cours d’une même tétée.
- Reposez-vous dès que possible.
- Prenez des tisanes d’allaitement.
- Pratiquez le peau à peau.
- Prenez des compléments alimentaires comme le fenugrec.
- Tirez votre lait (idéalement avec un tire-lait électrique double pompage)
- Utilisez un recueil lait : lorsque bébé prend un sein, positionnez le recueil lait sur l’autre sein.
7- Faut-il avoir avoir une hygiène spécifique lorsqu’on allaite ?
Une douche par jour suffit. Il n’est pas nécessaire de se laver les seins avant ou après la tétée. Au contraire, nettoyer le sein avant la tétée supprime les sécrétions des glandes sur l’aréole. Ces sécrétions sont odorantes, lubrifiantes, antiseptiques et permettent au bébé de trouver le sein. En appliquant une lotion ou un savon sur votre sein, vous risquez donc de troubler votre bébé.
Lavez-vous les mains avant la tétée dans la mesure du possible.
8- Douleurs aux seins pendant l’allaitement : comment les soulager ?
Il est hélas fréquent qu’en début d’allaitement des crevasses apparaissent sur vos mamelons. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est possible de faire des compresses avec votre propre lait pour vous soulager. Vous pouvez également appliquer de la lanoline médicale anhydre, très efficace pour stimuler la cicatrisation.
Parfois, les crevasses persistent et s’accompagnent de douleurs lancinantes pendant et en dehors des tétées. Il peut alors s’agir d’une infection dues à la présence d’une candidose : le muguet. Souvent, bébé lui aussi est touché et on peut apercevoir des taches blanches dans sa bouche. Le muguet se traite avec un antifongique.
Si vos seins sont très durs et douloureux, il s’agit d’un engorgement, là encore très fréquent en début d’allaitement. Massez-les sous l’eau chaude et essayez d’exprimer votre lait manuellement (le tire-lait risquerait de trop stimuler la production de lat et d’empirer ainsi votre état). Continuez d’allaiter normalement pour que la situation se régule d’elle-même.
Si vous observez une boule dure dans un de vos seins, il peut s’agit d’un engorgement localisé mais il vaut mieux demander un avis médical si ce symptôme s’accompagne de fièvre.

9- Qu’est-ce qu’un frein restrictif ?
Parfois l’allaitement s’avère compliqué à mettre en place, notamment à cause de la présence de freins restrictifs dans la bouche du nourrisson.
Les freins sont des structures anatomiques constituées principalement d’un réseau très dense de fibres conjonctives lâches. Deux freins sont fondamentaux dans la bonne mise en place de l’allaitement : ce sont les freins de langue (situé sous la langue) et les freins de lèvre (supérieure). Les freins doivent être élastiques et suffisamment longs. Bouche ouverte, la langue doit être capable de se soulever suffisamment pour réaliser une bonne succion. De même la lèvre supérieur doit pouvoir être ourlée ou retroussée suffisamment pour assurer une bonne prise du sein.
Si les freins sont trop courts, rigides donc “restrictifs” ils peuvent grandement entraver la bonne tenue de l’allaitement.
Quels sont les risques pour la maman en cas de frein restrictif ?
Au delà de la souffrance psychologique de ne pas réussir à allaiter correctement, un frein restrictif peut entraîner des douleurs physiques pour la maman allaitante :
- Crevasses dues au frottement du frein de la lèvre supérieure et/ou de la langue si la prise en bouche est vraiment « trop courte »
- Engorgement par manque de stimulation avec une éjection insuffisante de lait
- Canaux lactifères bouchés
- Mastites
- Lésions du mamelon
- Insuffisance de la lactation par manque de stimulation
Il existe des freins restrictifs de différentes natures et le diagnostic est complexe à établir. Celui-ci doit être posé par un professionnel expert dans le domaine, qui s’est formé “récemment” et qui connaît les enjeux.
En quoi le frein restrictif a un impact sur bébé ?
Pour le bébé, la liste des problèmes générés par les freins restrictifs est longue :
- Succion inadéquate voire inefficace (partiellement ou totalement) : bébé a du mal à prendre le sein et à y rester calmement
- Prise de poids lente
- Comportement d’insatisfaction
- Selles plus rares voire absence de selles (peut-être pris pour de la constipation)
- Coliques, maux de ventre car le bébé avale de l’air au cours de la tétée
- Rots abondants
- Reflux gastro-oesophagien (RGO) interne ou externe
- Tremblement du menton, de la langue
En fonction du diagnostic du spécialiste, on peut envisager une frénectomie. Attention, l’après frénectomie est également un moment clef à ne pas prendre à la légère (massage répété, exercices…) sinon le frein restrictif peut se ressouder…

10- Allaitement difficile : où trouver de l’aide ?
L’allaitement peut être une phase éprouvante pour une jeune maman, alors n’hésitez pas à vous faire accompagner. Pour ce faire, vous pouvez contacter une conseillère en lactation (RDV physique ou virtuel), la Leche league ou une association d’aide à l’allaitement (groupe en ligne de soutien à l’allaitement). Bon courage à toutes les mamans !
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Source : https://www.lllfrance.org/
Traité de l’allaitement maternel. Nancy Mohrbacher